« Les voyages forment la jeunesse », dit-on. On devrait dire « Les voyages forment », tout court. Qui ne revient jamais quelque peu changé, en bien ou en mal, après un séjour dans un pays étranger ?

De nationalité ivoirienne, Séraphin Kouassi a participé, en tant que professionnel du tourisme, au dernier Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (Sitho) qui s’est tenu du 26 au 29 septembre. C’était sa première visite au Burkina. A la fin de son séjour, nous lui avons demandé quelle est l’image du Burkina qu’il emportera avec lui dans son pays.

C’est la première fois que vous visitez le Burkina. Comment appréciez-vous ce que vous avez vu et observé ?

Je vais être honnête avec vous ; je suis agréablement surpris par ce que j’ai vu au Burkina parce que de mon pays la Côte d’Ivoire, les gens disent que c’est un pays sous-développé, sale, qu’il y a des maladies, etc. Sincèrement je suis dépassé par ce que je vois, parce que c’est un pays moderne avec de grandes rues, des routes bitumées et même à deux voies, etc. Le Burkina que j’ai vu contraste avec ce qu’on m’avait dit dans mon pays.

Vous êtes dans le tourisme, un secteur où on rencontre beaucoup de gens de nationalités diverses ; puis, il y a les reportages à la télé sur les visites des personnalités des deux pays, et malgré tout, vous êtes à ce point surpris par ce que vous avez vu au Burkina ?

Je vais vous dire une chose, les images que nous voyons sur nos écrans sont des images qui viennent des télévisions étrangères, pas forcément de la télé ivoirienne. Il est donc clair que les gens ne présentent pas un Burkina reluisant, qui a des atouts touristiques à découvrir par exemple. On ne montre que le côté négatif du pays.

Vous avez participé à l’Eductour et vous êtes à Ouaga dans le cadre du Sitho. Quelles sont les principales activités de votre agence de voyage ?

Je suis effectivement Chargé de tourisme dans une agence qui s’appelle CTE Voyage, basée à Abidjan Plateau. Nous faisons la billetterie et le tourisme intérieur, et organisons des colonies de vacances. On planifie des visites des plantations de cacao à travers un circuit baptisé « circuit chocolat » ; on explique aux gens tout le processus de fabrication du chocolat, de la cabosse jusqu’au produit fini. Nous avons aussi le circuit de l’intégration, qui s’appelle « Savane et Mer », qui part de Ouagadougou vers la Côte d’Ivoire et qui dure dix jours. Nous faisons aussi la promotion du tourisme inter-régional en organisant des colonies de vacances au profit d’enfants ivoiriens qui veulent visiter le Burkina.

Pour dire la vérité, cette année, ça n’a pas été un succès parce qu’il n’y avait pas assez d’inscrits à cause justement de l’image du Burkina qui n’est pas bonne chez nous. Mêmes les Burkinabè de Côte d’Ivoire rechignent à inscrire leurs enfants, alors, comment voulez-vous que les Ivoiriens qui ne connaissent pas le Burkina le fassent facilement. Je n’avais pas assez d’arguments pour convaincre les gens d’inscrire leurs enfants parce que moi-même, je ne connaissais pas le Burkina. Maintenant que j’ai visité le pays, j’ai vu des choses et je pourrai dire que ce sont des clichés qu’on a du Burkina et que la réalité est tout autre. Il faut encourager les gens à venir découvrir le Burkina. Pour les congés de Noël, nous allons organiser un voyage pour les enfants Burkinabè pour qu’ils viennent découvrir la Côte d’Ivoire de sorte qu’en voyant ça, l’effet de retour marche et que les enfants ivoiriens viennent à leur tour découvrir le Burkina

Après l’EducTour, avez-vous trouvé ce qui pourrait intéresser votre agence ?

Je dois souligner que le Burkina a des atouts touristiques qui peuvent faire vendre le Burkina. On a vu les Dômes de Fabédougou, les Pics de Sindou, les Cascades de Karfieguela, le royaume Gan, etc., et c’est fabuleux. Je n’avais pas de circuit typiquement burkinabè avant, mais avec ce que j’ai vu, je vais le faire maintenant pour que les gens viennent découvrir le Burkina.

Dans l’ensemble, j’ai été impressionné par l’organisation de l’Eductour parce que les responsables ont pu tirer leur épingle du jeu, car dans ce genre d’organisation, il y a plein de petits ennuis, mais là on a fait tout le parcours sans incident. Et puis, à chaque fois qu’on est arrivé dans un hôtel.

Je dois aussi noter des insuffisances que j’ai constatées, surtout chez le personnel opérant dans établissements hôteliers. Même si on est obligé de prendre des parents pour leur donner du travail, il faut les former ou leur offrir des stages de remise à niveau pour qu’ils soient plus professionnels. Il y a une concurrence internationale à affronter avec des destinations qui sont prisées et dans ce contexte, il faut que nous offrions des services de qualité.

Propos recueillis par J. Vokouma

Lefaso.net (France)