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Jimoh Lateef Dada : Profession, guide touristique !
mardi 15 février 2011

Première étape de l’EducTour 2010, un programme de visites des sites touristiques de l’Ouest du Burkina organisé, fin septembre dernier, par le Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (Sitho) à l’attention de la presse et des Tours Opérateurs. Après une pause déjeuner, cap sur les Cascades de Karfiguela, communément appelées les Cascades de Banfora, dans la cité du « Paysan noir », titre d’un livre écrit par un commandant de cercle, Robert Delagrette, en hommage au courage des paysans dont l’ardeur au travail permet de nourrir la population.

Entre les flaques d’eau et les hautes herbes- on sort à peine de l’hivernage- le conducteur du car dans lequel une quinzaine de passagers avaient pris place, tente de se frayer un passage. Sont-ils en train de digérer ? En tout cas un silence inhabituel règne dans le car quand, soudain quelqu’un s’écrit : « Regardez par la fenêtre, un chien court après nous. Vous le voyez ? Par là, fenêtre gauche ! ». Spontanément, certains se jettent vers l’endroit indiqué pour voir le mammifère carnivore qui, en réalité n’existe pas, pendant que d’autres, qui ont flairé la blague, éclatent de rire !

L’ambiance s’installe à nouveau dans le car. Puis il enchaine : « Savez-vous pourquoi les chiens courent après les véhicules ? Et la chèvre, pourquoi fuit-elle quand arrive un véhicule ? Et pour quelles raisons, l’âne se met au milieu de la route et ne bouge pas ? » questionne t-il ? « Non, mais tu vas nous expliquer tout ça » réplique la gérante d’une agence de voyage en Europe. Le guide prend alors la posture du vieux sage racontant des histoires aux petits enfants : « Il était une fois, trois bons amis, le chien, la chèvre et l’âne. Un jour, ils décident d’aller en ville en car pour se promener. Le prix de la course étant de 150 Francs, l’âne avait de quoi payer son ticket.

La chèvre, qui n’avait que 100, a négocié avec le chauffeur promettant de compléter à l’arrivée, ce qu’elle n’a pas fait. Quant au chien, il a remis 200 F au chauffeur, mais ce dernier ne lui a jamais rendu la monnaie. Depuis lors, le chien court après chaque véhicule pour réclamer sa monnaie, la chèvre s’enfuit à l’approche d’un véhicule parce qu’elle croit qu’on va lui réclamer le complément, et l’âne, qui ne doit rien au conducteur, l’ignore superbement et ne voit pas pourquoi il lui laisserait le passage ». Applaudissements ! L’histoire s’achève au moment où le chauffeur immobilise le car aux pieds des Cascades.
« Etre guide touristique, c’est ça aussi : éviter que les gens s’ennuient en les occupant durant les heures creuses.

Des histoires comme ça, j’en connais beaucoup », explique Jimoh Lateef Dada, le guide touristique qui accompagne la caravane de l’EducTour, visiblement content de son coup ! La visite peut commencer !

A bientôt 41 ans, ce natif de Banfora, né d’un père Yorouba et d’une mère Gouin, prend très au sérieux son métier de guide touristique. Pour lui, il n’y a rien de plus gratifiant que de faire connaitre les richesses touristiques et culturelles de son pays aux étrangers. « Quelque part, je réalise mon rêve d’enfance, celui d’être ambassadeur ». Petit, Lateef, comme on le désigne couramment, voulait faire des études en Relations internationales et devenir ambassadeur. « J’aime les voyages et on m’avait dit que les ambassadeurs voyagent beaucoup », confie t-il, pendant que ses parents, en particulier sa mère nourrissaient, d’autres ambitions pour lui. Après son Brevet, ils le conseillent fermement de s’orienter dans une série scientifique pour embrasser plus tard la carrière de médecin.

Mais Lateef n’en voulait pas ; en cachette, il s’inscrit dans une série littéraire et sa mère ne découvre son « entêtement à faire ce tu veux » qu’en terminale. Furieuse, elle refuse de payer la scolarité en signe de représailles, condamnant Lateef à quitter en 1986, les bancs sans le baccalauréat !

Déçu mais pas du tout découragé, il se lance dans l’activité touristique en accompagnant les touristes qui viennent visiter les nombreux sites de la région des Cascades. Très vite, il prend conscience de ses propres carences par rapport au métier de guide. « Un guide, ce n’est pas celui qui se contente de montrer des sites, il doit être capable de raconter l’histoire des sites et faire découvrir aussi la culture des gens qui habitent dans les environs. J’ai donc commencé à lire tout ce qui était écrit sur le tourisme burkinabè en général et des sites de ma région en particulier », explique t-il. Le métier le passionne, mais ses parents n’y voient que du « vagabondage de la part de quelqu’un qui se promène avec des Blancs parce qu’il n’a pas de travail ».

Mis pratiquement en quarantaine par ses parents qui « refusaient même les cadeaux que les touristes que je guidais leur offraient », Lateef ne résout à quitter le cercle familial pour exercer le métier de son choix, avec comme seuls revenus les quelque sous engrangés auprès des visiteurs. Au fil du temps, ses services sont de plus en plus appréciés et les autorités publiques locales et nationales le sollicitent souvent pour accompagner des groupes de touristes séjournant dans la région. Il connait par cœur les sites répertoriés, les structures d’hébergement correctes disponibles, a les contacts téléphoniques des médecins, des sapeurs pompiers et des bons mécaniciens. « Toutes ces coordonnées sont indispensables, car malheureusement, certains touristes ne respectent pas les consignes de sécurité et il faut pouvoir réagir à tout moment ».

Son emploi de temps est bien rempli et il enchaine régulièrement des sorties de deux, voire trois semaines hors de Banfora, ce qui n’est pas sans conséquence sur la stabilité du foyer qu’il cherche à fonder. « J’ai eu plusieurs copines, mais je n’ai pas réussi à fonder un foyer. Elles me reprochent les longues absences répétées et d’aimer plus mon métier qu’elles. J’ai deux enfants qui sont avec ma grande sœur, leur mère a craqué, n’ayant pas supporté que je m’absente tout le temps, et en plus de passer beaucoup de temps à me documenter même quand je suis à la maison », confesse t-il, manifestement désolé de reconnaitre le bien fondé du mécontentement de ses ex.

Très attentif « à ses invités », Lateef a appris le métier sur le tas avant de bénéficier d’une formation initiée par l’Office national du tourisme de l’Ouest en 2002, sanctionnée par une attestation. Désormais reconnu comme guide par l’Office national du tourisme et du ministère en charge du tourisme, « spécialisé pour la région des Cascades », Lateef est souvent sollicité par des chercheurs et étudiants qui mènent des travaux sur l’environnement, la culture ou la condition féminine de la région. Sur les sites visités durant l’EducTour, notamment les Dômes de Fébédougou, les Pics de Sindou ou les ruines de Loropéni, il sait se mettre en retrait et laisser la vedette à ses collègues, mieux indiqués pour raconter et commenter l’histoire de ces merveilles qui façonnent la géographie de la région.

« Un bon guide touristique, c’est celui qui est capable d’expliquer l’histoire passée des sites visités et expliquer le sens culturel qu’ils revêtent. Il y a des milliers des milliers de cascades dans le monde, mais c’est la particularité de celles de Banfora qui intéresse ceux qui parcourent des milliers de kilomètres jusqu’ici, et ça, je dois le savoir », insiste t-il, dénonçant au passage « ceux qui se pointent à l’aéroport, prennent des touristes et ternissent l’image de notre pays en leur racontant n’importe quoi ». Pour éviter de telles dérives qui sont, hélas fréquents, le ministère de la Culture et du tourisme a fait voter une loi qui encadre l’exercice du métier. Désormais les candidats au métier de guide subissent un test à l’issu duquel les admis bénéficient d’une formation et se voient délivrer une carte professionnelle de guide.

Mal apprécié il y a peu, Lateef se réjouit de voir que les choses commencent à changer puisqu’il existe maintenant un BTS-Guide dans les écoles d’Hôtellerie et tourisme, conséquence selon lui de « l’augmentation progressive du nombre de touristes accueillis au Burkina depuis le lancement du Sitho en 2004, le tourisme n’étant plus considéré comme une affaire de Blancs ». En attendant d’avoir les moyens de créer son Entreprise, Lateef collabore avec les agences de voyages et est directement payé par les touristes, essentiellement des Français, Allemands et Anglais qui « viennent en ayant en tête le Lac de Tengrela et ses hippopotames, les Pics de Sindou et un peu les Dômes de Fébédougou », mais ajoute t-il, « le guide peut leur proposer autre chose en plus parce qu’il y a de belles choses à voir dans notre pays : le tourisme cynégétique à l’Est, le safari vision, le tourisme d’aventure dans le sahel au Nord, les sculptures de Laongo, le palais de Kokologho au Centre, etc. »

Véritable ambassadeur des Cascades, il a crée en 2005 une association pour la promotion de la culture, de l’artisanat et du tourisme solidaire et organise régulièrement des conférences pour vanter les atouts touristiques et culturels de sa région. C’est tout naturellement qu’on le retrouve animant avec passion, un stand entièrement consacré à la région lors du dernier Sitho. L’homme ne brasse pas de fortune, mais affirme gagner honnêtement sa vie et les rapports avec ses parents se sont améliorés. « Ils ont commencé à changer d’avis le jour où le maire de Banfora est venu me chercher à la maison pour accompagner des touristes.

Même si ma mère regrette toujours que je ne sois pas devenu médecin, elle est fière de me voir à la télé et elle me donne ses bénédictions », confie t-il, avant de conclure tout sourire : « En faisant découvrir mon pays aux étrangers, ne suis-je pas bel et bien un ambassadeur ? »

Joachim Vokouma

Lefaso.net


Le guide raconte les Cascades





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