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Passage au barrage N°2 de Tanghin : Un raccourci vers la mort ?
lundi 31 octobre 2011

Par nécessité ou par goût du risque, certains ont fait de la pirogue leur moyen de transport. Zoom sur une activité à succès mais quelque peu méconnue. Les passeurs au barrage n°2 de Tanghin, prenez le risque avec nous…

Le soleil se lève sur Ouagadougou. La ville s’anime telle une fourmilière. A pied, à moto, en voiture, dans les transports en commun, chaque ouagavillois se met dans la chaîne. Il faut rejoindre son lieu de travail. Loin du tintamarre des différentes routes qui mènent au centre-ville, le lit du barrage n°2 de Tanghin, secteur 23, à la hauteur du lycée apostolique connait aussi une animation particulière. La fraicheur matinale caresse la peau, les vagues d’eau viennent échouer aux abords, les pêcheurs vérifient leurs filets, les femmes, assisses au milieu d’un tas d’immondices écaillent les poissons. Juste à côté de là, 5 pirogues sont stationnées. Des jeunes discutent au bord de l’eau, certains ont déjà pris place dans les pirogues. Ils doivent rejoindre les quartiers Nossin, Larlé, les marchés de Sankariaré ou de Baskuy... C’est devenu un rituel pour eux. Chaque matin, ils se font conduire à bords de la pirogue. « Rentrez, nous allons partir », lance le piroguer. Vélos, marchandises diverses, personnes etc. tout passe. Commerçant(es) surtout jeunes et élèves constituent l’essentiel de la clientèle.

Nous sommes 9 passagers à embarquer après avoir remis le prix du transport qui est de 100 FCFA. La pirogue glisse paisiblement sur les eaux, les discussions vont bon train, l’ambiance est bon enfant. Les habitués affichent une tranquillité déconcertante. Pour les novices comme nous, c’est la peur au ventre que nous effectuons le trajet avec des « si » à n’en pas finir, le cœur battant la chamade. Finalement, il y a plus de peurs que de mal. Nous atteignons l’autre rive. En cinq minutes, nous avons rallié Tanghin à Nossin et Larlé. Les passagers, descendent et rendez-vous est pris pour le soir pour regagner Tanghin.

D’autres passagers reprennent place pour le retour. « Bissimillahi » marmonne un vieux avant de s’asseoir. Même si tu ne dis pas ça, nous arriverons à bon port, lui rétorque le « conducteur ». Tout en courant, une femme hèle « attendez-moi ». Elle, c’est Mme Diallo, vendeuse de savons et d’huile de lait au marché de Tanghin. Chaque matin, elle s’y rend en pirogue. Ainsi va l’ambiance au barrage n°2 de Tanghin, du matin très tôt jusqu’à la tombée de la nuit (généralement à 19h 30), du lundi au dimanche.

Un raccourci à moindre frais

L’activité connait du succès mais elle est limitée dans le temps. Il n’y a pas un autre moyen pour rejoindre les quartiers de l’autre côté du barrage en si peu de temps et à moindre frais. « A 100 FCFA, je suis à Nossin pour continuer en ville alors que si je devrais prendre le taxi je débourserais 200 à 300 FCFA et la même somme pour le retour » nous apprend Michel Nikiéma qui est rentré la veille dans la soirée en pirogue et qui a déjà pris place pour regagner son travail. Pour lui, la pirogue est une alternative dans les cas d’urgence. Il nous apprend qu’il était en panne en ville et a préféré y laissé sa monture pour rentrer en pirogue. Pour cet autre client qui vient de débarquer en provenance de Nossin, et qui n’a pas voulu décliné son identité, depuis dix ans, c’est son principal moyen pour se rendre à Tanghin.

Du mois de juin à janvier ou février selon la pluviométrie de l’année, les passeurs se frottent les mains. « Nous pouvons souvent transporter plus de 200 personnes par jour », nous apprend Ablassé Compaoré, le responsable des piroguiers qui dit exercer le métier de passeur depuis 28 ans. Philémon Sawadogo, son employé précisera que quand il pleut et que le niveau des eaux est haut, la clientèle baisse sans doute parce que les gens ont peur. Pourtant à en croire les piroguiers, les choses se passent très bien. « Je n’ai jamais eu de problème depuis que j’exerce ce métier. Mieux nous avons des documents établis par les autorités communales qui attestent de la légalité de notre métier » s’empresse de répondre Ablassé Compaoré quand nous lui demandons si l’activité est officiellement reconnue. Et pourtant…

Une activité illégale mais tolérée

A la mairie de l’arrondissement de Nongr-massom, on semble ignorer l’existence de ce métier qui a pourtant près de 3 décennies d’existence. « C’est vous qui me l’apprenez. Nous ne sommes pas un pays de navigation et je ne crois pas qu’un service de la mairie ait délivré un quelconque document pour autoriser cette activité. Je suis le responsable de la voirie, une telle décision ne pourrait être prise sans que je n’en sost informé », nous lance M. Francis Kambou, responsable de la voirie dans l’arrondissement de Nongr-Massom. Ce dernier, très curieux et visiblement surpris de l’existence de cette activité n’a pas manqué de nous asséner de questions pour en savoir davantage. « Mais c’est un raccourci de la mort » ajoute M. Dabilgou, le chargé des affaires administratives vue qu’aucune mesure de sécurité n’est envisagée en cas d’accident. Seul M. Christophe Billa, chef de poste de police de l’arrondissement, reconnait l’existence du métier de passeur. Il nous apprend qu’il effectue avec ses agents des missions de contrôle sur le terrain. « Il faut dire que c’est une activité appréciée des populations parce qu’elle résout un tant soit peu leur problème de déplacement, commente-t-il.

Pour ce qui est de la reconnaissance officielle de cette activité, l’officier de police expliquera qu’il leur a été délivré un récépissé pour le compte de l’association des pêcheurs de Tanghin. C’est donc sous ce couvert qu’ils travaillent. « Nous leur donnons souvent des consignes en leur rappelant qu’il ne faut pas prendre plus de 6 personnes, d’éviter de prendre des enfants… » nous apprend M. Billa. Il nous signifiera au passage que ces passeurs ont été d’un apport considérable pendant les inondations du 1er Septembre 2009. « Ils ont une parfaite connaissance du barrage et bravent souvent des risques que les sapeurs-pompiers ne sont pas prêts à prendre ». précise-t-il.

En attendant, au barrage n°2 de Tanghin, c’est le même mouvement. Des allers et retours, entre les deux rives, souvent dans la surcharge. On évite de penser au pire. Mais selon Issa Ilboudo, un client, la seule confiance en l’eau c’est quand on n’y entre pas. Il prône une solution qui mettrait tout le monde à l’abri de risques éventuels. « C’est vrai que nous n’avons jamais eu de problèmes en traversant le barrage, mais on n’en sait jamais. Le mieux serait qu’il y ait une route pour rejoindre les autres quartiers de l’autre côté du barrage en évitant de faire le grand tour ». Conclu-t-il.

Malgré les conditions élémentaires et les risques éventuels qui pourraient en découler, la pirogue résout un tant soit peu les problèmes de transport de bon nombre de citoyens. L’interdire serait mettre au chômage des personnes qui ont pourtant fait de cette activité une source de revenu depuis près de trois décennies. Un appui des autorités en pirogues modernes avec des conditions de sécurité certaines pourraient être une réponse au problème de transport dans cette partie de la ville de Ouagadougou.

Tiga Cheick Sawadogo (Stagiaire)
Ph. Bonaventure Paré
Tourisme.lefaso.net





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