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Rencontre avec les artistes du Village Artisanal de Ouagadougou
jeudi 29 août 2013

Si l’endroit est bien calme en ce jour de semaine – on n’y croisera malheureusement pas beaucoup de visiteurs –, une certaine plénitude règne dans l’atmosphère. L’absence de brouhaha laisse place aux résonnements des métaux qui s’entrechoquent, du bois que l’on polisse à la main, ou encore des étincelles qui crépitent au soudage de l’acier. Car même si la journée s’annonce calme, les artisans s’attèlent à la tâche. Dans l’allée des bronziers, après être passé devant plusieurs ateliers où sont exposées nombreuses statues de toutes tailles, on tombe sur le coin des travailleurs. Autour d’une table, trois hommes ont l’air fort concentré : ils sont occupés à préparer les moules et modeler la cire qui donnera aux bronzes leur longue forme féminine – la plus courue. Leur chef d’atelier, Moussa Tapsoba, par ailleurs directeur du Groupement d’Intérêt Economique (GIE) représentant les artisans du VAO, connaît bien la pratique de cet art complexe : « Avant j’étais à Niongsi, un quartier qui regroupe au moins vingt familles exerçant toutes ce métier ».

Aussi nous propose-t-il une visite guidée de chaque étape de la conception de bronzes… Les statues ainsi faites de cire modelée – et agrémentée parfois de bouts de plastique ou de feuilles pour donner une touche d’originalité dans la représentation des habits – sont ensuite recouvertes par un moule d’argile. Après avoir placé ce dernier au four, on pourra déverser la cire fondue tout en gardant l’aspect qui lui avait était donnée, ainsi renfermé dans le moule. On remplacera alors la cire par le métal... Soit de vieilles têtes de robinet en cuivre jaune ou des fils de cuivre rouge – auxquels on ajoutera du zinc de carburateur de moto pour retrouver la couleur du bronze – fondus également, à plus de 500°, dans un des trois fours qui occupent la cour partagée par les six ateliers bronziers du VAO. Une fois refroidi, le moule sera ensuite brisé pour en récupérer le bronze. Il ne restera alors plus que les finitions : le polissage et, si on le souhaite, l’application des patines dont les couleurs peuvent varier selon le matériau utilisé (terre, feuilles, etc.).

De jeunes artisans récompensés pour leur créativité au SIAO

Tant d’étapes donc, dans la réalisation des bronzes, qui exigent naturellement un nombre plus important d’artisans que pour les autres spécialités. S’ils peuvent en effet être jusqu’à douze à travailler pour un même bronzier, dans l’atelier de sculpture sur bois d’Oumar Kanté, ils ne sont par exemple que trois… Ce jeune burkinabè vient de Bobo-Dioulasso, où il tenait, avant son arrivée au VAO, la boutique « La case de sculpture moderne » – nom qu’il a par ailleurs choisi de garder pour son atelier au Village. La sculpture sur bois, il la pratique depuis ses six ans. Chez lui, c’est un savoir-faire familial, retransmis de génération en génération : son grand-père, puis son père avant lui étaient sculpteurs sur bois… et lui-même travaille aujourd’hui aux côtés de ses deux frères.

« D’être au village ça nous arrange », affirme Oumar : « ça aide les artistes ». Bien qu’actuellement, tout ce qu’il réalise c’est pour enrichir l’exposition de son atelier, l’artiste originaire de Bobo a déjà pu bénéficier de quelques commandes depuis qu’il est là. Et l’an passé, il a pu avoir un stand au Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO). Tout le monde n’a pas cette opportunité au Village, mais Oumar a su présenter des œuvres qui ont plu au comité de sélection. Ainsi doué d’un talent indéniable, il y a par ailleurs remporté le prix de la jeunesse d’un concours de créativité. L’œuvre qu’il avait alors réalisée, il n’en garde aujourd’hui plus que la photo : c’était une sculpture en ébène noir, de formes humaines, longilignes et unies en un seul bloc représentant le continent africain... Somptueux, en effet.

L’avantage des commandes passées auprès du VAO

S’ils sont peu à pouvoir bénéficier d’un stand au SIAO, beaucoup peuvent en revanche y voir leurs œuvres exposées dans un espace réservé au Village Artisanal. L’atelier d’Emile Iriboudo a ainsi pu y être représenté indirectement l’an dernier : « Après les clients sont passés pour nous rendre visite », affirme même son collaborateur, Mathieu Nombré. Il faut dire que les œuvres qu’ils réalisent sont loin de passer inaperçues. Emile tient en effet un atelier, peut-être plus original, et en tout cas certainement moins traditionnel que les autres : il travaille, avec Mathieu, sur des objets de récupération automobile – réservoirs de moto, bougies, filtres à huile… Tout un tas d’accessoires que l’artiste va chercher lui-même auprès de mécaniciens, pour ensuite essayer de réaliser une œuvre autour de ces matières premières recyclées. Le résultat, à la fois impressionnant et drôle – on appréciera notamment les nombreux petits personnages du quotidien, musiciens, photographes, hommes d’affaires ou même dentistes (!) – plaît surtout aux touristes européens…

« Les Burkinabè n’aiment pas ça, certains disent même que l’on est fou ! », s’amuse Mathieu : « Mais on est des fous qui arrivent à s’en sortir ! ». Ils ne sont que deux ateliers dans tout le Village à proposer ce style d’œuvres d’art, moderne et écoresponsable – « En plus on travaille pour l’environnement, parce qu’une bougie comme ça dans la nature, ça dure 50 ans ! », poursuit l’artiste alors qu’il vernit un petit personnage assis devant un ordinateur. Et les affaires semblent effectivement bien tourner pour les deux hommes. « On vient de livrer 400 objets pour une revendeuse qui vit à New York » affirme ainsi Mathieu : « Sa première commande était de 800 objets, et depuis ça fait deux fois qu’elle revient vers nous ». Passées auprès de l’administration du VAO, de telles commandes arrangent ainsi de nombreux artisans… Bien qu’ils n’y voient pas toujours qu’un avantage : « C’est difficile pour un artiste », estime en effet Idrissa Savadogo, artiste peintre et plasticien qui préfère « le concept de création » à la réalisation de modèles commandés.

Le VAO, un « tremplin » qu’il faudra savoir quitter à terme…

On reconnaîtrait d’ailleurs l’atelier (308B) de cet artiste de loin, tant les œuvres qu’il renferme sont chaudes de couleurs orangées, rouges et jaunes. Et s’il se dit à la fois « peintre » et « plasticien », c’est qu’en plus de cette palette de peintures, Idrissa utilise divers matériaux. « Souvent de la ficelle ou parfois du tissu », explique-t-il en montrant quelques tableaux, de formes humaines longilignes noires sur fond sahélien. Autodidacte, il pratique cet art plastique depuis douze ans. Mais son histoire commence même avant cela, dans la cour de son père à Abidjan, Côte d’Ivoire, où il a vu passer plusieurs maîtres… « Mon frère a appris avec l’un d’eux et je suis resté un peu auprès de lui », raconte l’artiste : « Le jour de son départ, un de ses clients est venu passer commande. Pour moi, c’était un appel irrésistible à la peinture donc je l’ai exécutée, sans hésitation et avec conviction. C’était ma porte d’entrée au monde de la création ».

Aujourd’hui, Idrissa saisit sa situation au VAO comme « un passe-temps, une opportunité, un tremplin qui permet de passer à une autre étape », dit-il. Avant d’affirmer néanmoins : « J’ai déjà en tête que je dois quitter ici », bien conscient que l’échéance arrive dans cinq ans maintenant… Au même titre que les autres artisans, Idrissa devra en effet laisser sa place à la prochaine génération. Mais il partira sans regrets car, comme l’estime de même le bronzier Moussa Tapsoba : le Village Artisanal, « c’est fait pour toute une nation, pas juste une poignée de personnes »…

Jessica Rat

Lefaso.net





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