La mare de Oursi fait partie des retenues d’eau qui attirent de nombreux visiteurs. Elle s’étend environ de 22 kilomètres de long sur 7 kilomètres de large. A travers sa verdure à perte de vue, la mare de Oursi fait la fierté de tous ceux qui foulent le sol pour leur première fois. Elle offre également de potentielles ressources halieutiques. Malheureusement, cette mare est aujourd’hui menacée par des actions aussi humaines que naturelles et cela attire très peu l’attention des services en charge de la préservation du patrimoine touristique. Si les phénomènes naturels sont difficilement maitrisables, les actions de l’homme sur l’environnement peuvent être contrôlées. La pêche anarchique, le pâturage, le maraîchage, le prélèvement des briques pour les constructions sont autant d’actions qui contribuent à l’ensablement de la mare de Oursi. En effet, chaque jour, près de 15 000 à 20 000 têtes de bétail viennent s’abreuver dans la mare de Oursi et y restent à longueur de journée. Si rien n’est fait, la mare est exposée à l’ensablement et l’assèchement.

Les dunes de sable constituent également une richesse touristique et sont aujourd’hui très menacées. Ces dunes sont devenues de nos jours un dépotoir d’ordures et un chemin de passage de troupeaux d’animaux qui les inondent de déchets faisant perdre ainsi sa beauté naturelle. Les herbes y poussent et rendent ces dunes mortes. Le village de Oursi est emprisonné entre la mare et la dune et pour éviter les inondations du côté de la mare, l’extension des habitats se fait du côté des dunes. Quand on y fait un tour, des maisons sont perchées sur les dunes de sable et ce comportement n’est pas de nature à pérenniser ce patrimoine touristique très convoité.

A ces deux sites touristiques de réputation internationale vient s’ajouter le musée communal de Oursi ouvert depuis novembre 2006 qui est subdivisé en trois compartiments : l’historique, l’archéologique et l’ethnographique. Ce musée recevait en son sein près de 600 visiteurs par mois au cours des années 2006-2009. La question de l’insécurité au nord a eu un coup décisif et depuis lors, l’influence grandissante des touristes a connu une baisse notoire.
Ce musée en voute nubienne a besoin d’être réhabilité régulièrement et exige par conséquent un accompagnement financier. Au fait, les recettes générées par certains sites doivent pouvoir leur permettre de faire face aux dépenses courantes, mais la mauvaise gestion de ces ressources pose problème. Et selon les gestionnaires de ce site, l’Etat a octroyé depuis 2014 des fonds d’entretien des musées à raison de 1 500 000F par an. Depuis lors le musée de Oursi est toujours dans l’attente de sa quotte part qui se trouverait dans des mains invisibles.

Pour minimiser les effets dévastateurs des pluies, les gérants de ce site utilisent leurs fonds propres pour l’entretien courant des locaux et si rien n’est fait d’ici les premières pluies, ils menacent de remettre les clefs des bâtiments à la mairie de Oursi et se désengageront de toute responsabilité. Cette richesse tant historique, archéologique qu’ethnographique risque de patauger dans la boue et c’est le pays qui perd en terme de patrimoine culturel. C’est au pied de ce musée gigantesque que des fouilles archéologiques ont découvert dans les années 2004 des habitats, vieux de 10 siècles d’existence. Les objets découverts lors de ces fouilles (chaines d’esclaves, ustensiles de cuisines, jarres de stockage, meules, ossements humain et animal, lances, arcs, bracelets, perles,….) sont conservés dans ce musée au bonheur des visiteurs.

Considérant la richesse touristique du département de Oursi,
Considérant l’apport du tourisme dans l’économie du pays,
Considérant la volonté du peuple au changement,
Considérant la volonté des dirigeants de lutter contre le détournement des fonds,
Considérant que plus rien ne sera comme avant,

Il est temps que les autorités en charge de la culture et du tourisme se penchent sur la préservation du patrimoine culturel et touristique dont regorge le pays. D’Est en Ouest, du Nord au Sud, des cascades de Banfora aux pics de Sindou, de la mare aux dunes de sable de Oursi, des gravures rupestres de Lango aux ruines de Loropeni, le Burkina a de potentielles valeurs touristiques et culturelles qui font de lui une zone de convergence tant convoitée par le monde touristique. Il est bien vrai que des dispositions sont mises en place en matière d’entretien de ces sites mais sans un regard rapproché et vigilent, les fonds injectés ne vont pas arriver à destination. Les rapports de gestion sont faits, bien rédigés mais souvent loin de la réalité du terrain.

Au-delà de ce qui arrive en support papier ou électronique en matière de gestion, il va falloir souvent sortir des bureaux climatisés pour vivre certaines réalités du terrain. C’est dans cette perspective de transparence dans la gestion que les différents sites touristiques seront pérennisés et cela va sans doute générer de l’emploi pour la jeunesse tout en créant des devises pour la population.

Karim KABORE
Intendant au Lycée Départemental de Poura-Mine
abdoulkaka@yahoo.fr