« Pour moi qui ai vu les débuts jusqu’à maintenant, c’est la meilleure édition en terme de réalisation d’œuvres », se satisfait le sculpteur Siriki Ky, initiateur et commissaire du symposium de sculpture sur granite de Laongo.

Le top de départ de cette 11e édition a été donné le 5 octobre dernier pour un mois de créativité. Les artistes venus du Burkina, du Mali, de la Cote d’Ivoire, du Togo, du Cameroun, du Sénégal, de la France, du Mexique et du Canada se sont alors rués sur les blocs de pierre. Suivant leurs inspirations, ils ont bouffé le granite pour lui donner des formes, une âme.

A l’arrivée, le résultat est là ! Des œuvres aux styles variés avec différentes thématiques, symbole de la multi culturalité des artistes qui ont travaillé sur le site. Blandine Ouédraogo, qui était par exemple à son troisième symposium, a réalisé ‘’l’aigle royale ‘’. « J’ai voulu rendre hommage à tous les chefs de notre pays », dit-elle.

Le travail est dur, comme l’est le granite, reconnait-elle. Mais l’amour de la sculpture, de donner forme aux objets l’emporte toujours. C’est avec fierté qu’elle dit laisser sa marque sur le site. « L’artiste ne meurt pas », ajoute-t-elle, en désignant son œuvre, comme pour dire, qu’elle survivra à son auteure.

« Je suis agréablement surpris de voir des œuvres de grandes factures », s’est contenté de dire le ministre de la culture, des arts et du tourisme, Tahirou Barry. Il a invité les Burkinabè à prendre d’assaut le site pour être édifiés de la qualité des artistes venus du monde entier.

Après 27 ans d’existence, le site de Laongo, pour son originalité et la qualité des œuvres, méritait mieux en termes de promotion. Le promoteur Siriki Ky est amer quand il en parle. « Quand les gens viennent d’ailleurs et voient, ils se demandent comment on peut avoir cela chez nous et ne pas en parler ». Il rappelle que les épurements granitiques de Laongo, taillés sont uniques au monde à l’air libre.

« Il faut quand même un site internet pour qu’on connaisse Laongo (…) le seul site in situ au monde (…) Après chaque édition, il faut qu’on fasse des catalogues, c’est la moindre des choses », lâche-t-il avant d’assener qu’au Burkina Faso, ce sont les médiocres qui parlent beaucoup.

Pour le ministre en charge du tourisme, il faut poursuivre l’œuvre de promotion du site, faire en sorte que sa visibilité soit plus accrue, et il faut faciliter son entretien.

Rappel

Le site de sculpture sur granite est situé dans le village de Laongo, à environ six kilomètres de la ville de Ziniaré, chef-lieu de la région du plateau central. Le site est composé de blocs de granites qui s’étalent sur deux espaces dans un environnement sauvage parsemés d’arbres et d’herbes. Le granite présent sur le site daterait selon les spécialistes de plus de trois milliards d’années.

Le premier symposium, « Sympo granit 89 » s’est tenu du 13 janvier au 2 mars 1989.
De nos jours, le site compte plus de 200 œuvres sculptées par des artistes de diverses nationalités, suivant des thématiques aussi variées que la femme, l’amour, l’environnement, le pouvoir, les animaux, l’argent…

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net